Noblesse du rhinocéros



Le rhinocéros a pris connaissance avec intérêt
du récit de l'un des plus grands voyageurs arabes,
Ahmad ibn al-Abbâs ibn Râchid ibn Hammâd ibn Fadlân.
Au IVe siècle de l’Hégire (Xe siècle de l’ère chrétienne),
Ibn Fadlân, secrétaire d’un ambassadeur du calife abbasside al-Muqtadir,
parcourut des pays lointains comme celui des Perses, des Turcs,
des Bulgares, des Russes, des Scandinaves ou encore des Khazars.
Il consigna avec précision son périple dans un ouvrage
connu sous le nom de "L’épître d’Ibn Fadlân". 
Le passage suivant mérite attention :


« Aux confins d'une vaste steppe, habite, dit-on, un animal plus petit qu'un chameau mais plus grand qu'un taureau. Sa tête est la tête d'un mouton, et sa queue celle d'un taureau. Son corps est celui d'un mulet et ses sabots ressemblent à ceux d'un taureau. Au milieu de la tête se trouve une corne, épaisse et arrondie, et plus elle devient haute plus elle devient étroite, pour ressembler à la fin à une pointe de lance. Quelques-unes de ces cornes croissent jusqu'à trois ou cinq coudées, la moitié de la taille de l'animal. Il se nourrit de feuilles des arbres, qui sont une végétation excellente. Chaque fois qu'il voit un cavalier il s'approche et, si le cavalier a un cheval rapide, le cheval essaie éperdument de fuir ; si la bête les rejoint, elle fait tomber le cavalier de sa selle avec sa corne, le lance en air, et le frappe avec la pointe de la corne, et continue ainsi jusqu'à ce que mort s'ensuive. Mais elle ne frappe ni ne blesse le cheval de quelque façon que ce soit. Les habitants du lieu poursuivent l'animal dans les steppes et dans la forêt jusqu'à ce qu'ils arrivent à le tuer. Voici comment les choses se passent : ils grimpent sur des arbres élevés entre lesquels passe l'animal. Quelques archers lui décochent des flèches empoisonnées ;    et lorsque la bête est au milieu d'eux, ils la frappent et la blessent     jusqu'à la mort. »

— Ibn Fadlan





L'évocation de "la tête d'un mouton" et du "corps d'un mulet" suscite irritation.
Mais le reste du récit mérite éloge.
Il démontre la noblesse du rhinocéros, qui épargne le cheval,
et la malveillance de l'homme, qui déploie traitrise et poisons.

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