Pensif et solitaire




J'arpente le désert

Pensif et solitaire

Je rêve et je rumine
Parfois je parle au vent.

Certains soirs j'entrevois
Par-delà l'horizon
L'orée d'une vallée
Lumineuse et dorée.

Je sais qu'elle m'attend
Vers elle je m'élance
Ma course fait trembler
Les terres et les gens.

Mon front d'os et de pierre
Renverse les obstacles
Je brise les barrières
Et j'abats les murailles.

Les flèches et les plombs
S'écrasent sur mon cuir
Et craquent sous mes pas
Les os des imprudents.

Mais toujours ma vallée
S'éloigne et disparaît.
Je retourne au désert
Pensif et solitaire.



Henri Corso, Poème extrait du recueil "Chimères", Editions de l'Arche, 1953

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